Souvenir
Prends ma main
Le monde est aveugle
Fais-moi l’amour
Je suis musicien
Je te regarde dormir
Les yeux ouverts
Même quand tu dors
Tu te surveilles
Je t’aime comme on rit, spontanément.
Je t’aime comme on pleure, tristement.
Je t’aime comme on vit, maladroitement.
Je t’aime comme on meurt, complètement.
Une larme qui devient l’étincelle d’un feu trop vaste
Le monde est flou
Les enfants jouent à cache-cache en criant au secours
Le monde est saoul
La terre tourne sous des nuages rouges
Et toi tu cours
À contresens
Pourtant je te suis
Comme un souvenir refoulé
Comme une parcelle de vie
Que tu as oublié de regretter
Et je cours
Moins vite que toi
Pour éviter de faire trembler la terre
Et je cours
Ramassant au passage les souvenirs
Que tu as oubliés dans le sable
Et je cours
M’arrêtant pour demander
Où est allé le vent
Et quand tu t’arrêtes enfin
Quand je te rattrape
Tu ne te rappelles plus de moi
Oublié
Quelque part dans le sable
Et je n’ai pas ramassé mon souvenir
Quand tu l’as jeté derrière toi
Trop occupé à ramasser ceux qui te feraient rire
Je suis devant toi
Pourtant je m’efface
Et tu reprends ta course
Comme on s’embrasse
Après avoir fait l’amour
Tendrement.
Et je reste là
Cherchant mon souvenir dans le sable mouillé
Toi, ta peau, tes mains, tes lèvres
Toi, ta peau, tes seins, tes lèvres
Tes lèvres comme deux petites gouttes de pluies
Annonçant une averse
Tes lèvres sur ma peau
Et toute la douceur du monde
Qui passe dans une caresse
Une caresse éternelle
Une caresse qui continue même sans ta main
Tu m’as caressé sous la peau
Je te sens presque
Je te touche presque
Et tout devient flou
Tu refuses, tu camoufles
Tu nies, tu dénies, tu renies
Tu effaces, arraches, déchires
Tu cours, tu t’éloignes
Sans penser que la terre
Est ronde
Alors moi, je t’attends ici
L’idiot sans mots
Attendant un élan
Un éclair de génie
J’attends que tu reviennes
Pleines de nouveaux souvenirs
Me raconter le mien
Et j’ai mal
Le sable est chaud
J’ai la peau brulée
Par le soleil
J’ai le cœur brulé
Par ta main
Ce ne sont pas mes yeux qui te regardent
C’est tout mon corps
Ce ne sont pas mes mains qui te caressent
C’est mon âme
Ma peau me brule
Mon âme me brule
Je prends feu
Je me consume
Et je jouis
Sur ton souvenir
Que j’ai ramassé dans le sable
Ce sable chaud
Dans lequel je te vois
Tu danses
Tu danses
Tu danses
Et quand je ferme les yeux
Des larmes coulent
Disparaissent dans le sable
Là où j’ai pleuré, le sable devient plus sombre
Grain par grain, larme par larme
Le désert devient noir
Je chante
Corneille du désert
Entends-tu ma mélodie?
Ne te retournes pas, tu es presque rendue
Cours, cours, va jusqu’au bout
Ne t’arrête pas
Ne pense pas à moi
Danses sous la neige
Tandis que je meurs dans le sable
Si seulement je pouvais poser mon souffle sur ta peau
Tu te souviendrais.